« Des boucles de chaussures en faïence, ça n’existe pas ! Et pourquoi pas… ? » serait-on tenté d’écrire en plagiant Robert Desnos. On peut en effet peiner à l’imaginer, tant la fragilité de faïence semble incompatible avec l’usage des boucles de souliers.
Nous avions déjà noté cependant la présence d’éléments décoratifs en faïence, comme les pseudo-camées de Wedgwood, enchâssés dans de larges boucles d’acier.
Les collections britanniques, une fois encore, permettent d’attester l’usage de boucles au cadre entièrement en faïence, du moins en Angleterre. Rares sont celles qui sont parvenues jusqu’à nous.
Le musée de Manchester (Royaume-Uni) conserve en particulier une paire de boucles en terre cuite rouge foncé, glacées d’un émail noir orné d’une frise de feuillage blanc. Elles mesurent chacune 6,9 cm de long pour 5,6 cm de large et une épaisseur de 3,3 cm au plus haut de la courbure. Elles ont conservées leur système de fermeture en acier à chape et ardillon double. Datées des années 1770/1790, elles sont entrées dans les collection du musée en 1923. Rien ne permet de renseigner leur usage (boucles de chaussures d’homme ou de femme ? boucles de deuil ? ). Seule leur provenance, le comté de Staffordshire, semble établie.
Le même musée conserve une boucle solitaire, en biscuit blanc émaillé, de grandes dimensions également : 7,3cm x 5,7cm (épaisseur 3,8 cm). La boucle présente un décor intéressant de traits, perles et rinceaux d’un goût Louis XVI rustique, dans les tons bleus, verts, rouge et violet. Elle n’a plus son système d’attache en acier. Datée des années 1780-1800, elle proviendrait également du comté de Staffordshire, où se trouve d’importantes manufactures de céramique de la fin du XVIIIe, et notamment celle de Josiah Wedgwood.
Je ne connais pas à ce jour de témoignage d’un usage en France de boucles en faïence. Un lecteur qui en saurait plus long serait prié de m’en faire part, en me contactant par cette page.